Psychologie : quelques réflexionsJ'ai récemment fait un pas en avant considérable en matière de gestion des émotions et de psychologie. Il me semble qu'il est intéressant d'essayer de comprendre pourquoi. Et donc, de faire un petit retour sur mon évolution, en focalisant sur la psychologie. La technique étant un autre débat.
Mon évolution jusqu'ici :A mes débuts, quand j'ai commencé le trading, je m'attendais plus ou moins à gagner rapidement. Alors certes, je ne me voyais pas millionnaire dans un an, mais je voyais 10% de rendement par an sans trop forcer. J'ai vite découvert qu'en trading, on commençait par perdre, et que ça s'appliquait aussi à moi. Parce que oui, c'est comme en voiture : on se dit que, certes, on a un petit coup dans le nez, mais nous, ça va, on sait conduire. Bref. Parallèlement, je lisais tout ce que je pouvais et j'apprenais tout ce que je pouvais à propos de tous les indicateurs.
Ensuite, j'ai eu ma période "Excel". Ma "période Excel", c'était celle où je faisais des statistiques sur tout, en considérant, là encore, de manière plutôt informulée, qu'il y avait UNE méthode qui DEVAIT fonctionner, et que si j'empilais assez de datas je finirais par la trouver. En l'occurrence, c'est peut-être vrai, mais je n'ai pas la compétence technique en matière de programmation pour débusquer ce Graal, s'il existe. Je pense cependant que la démarche reste viable. Même que ça s'appelle le trading algorithmique (viable en termes financiers... ça ne signifie pas défendable en termes systémiques et éthiques).
A ce stade, je faisais encore toutes les erreurs de débutant : overtrading, garder ses positions perdantes... Mes positions gagnantes, en revanche, je savais les conserver.
Parallèlement, j'ai donc commencé à mettre en application des principes de money management. Avoir des stoploss pertinents (donc placés de manière technique, et pas "à 2%"), des objectifs pertinents, des ratios... toujours mauvais. On y reviendra.
Puis vint le confinement du mois de mars. Là, j'ai décidé de faire une incursion dans le day-trading et le scalping, activités auxquelles je n'avais en temps normal pas le temps de m'adonner. Mais puisque là, du temps, j'en avais à foison, autant en profiter. J'ai perdu pas mal d'argent (j'avais alloué une somme de 150€ maximum en réel pour le scalping, j'ai arrêté lorsque je les ai épuisés). Et j'ai surtout appris que le ratio, c'est vraiment, vraiment important. L'intérêt, c'était surtout qu'on savait où on en était en un ou deux jours. Alors qu'en swing, il faut nettement plus de temps pour dégager des schémas.
J'ai ensuite tenté de lutter contre mon autre gros défaut : l'overtrading. En vain. J'ai commencé à réaliser un truc : le trading révèle nos défauts. En ce qui me concerne, c'est l'impatience, et l'arrogance. C'est très clair dans mon trading, et correspond bien au reste de ma personnalité (je sais, ça ne donne pas envie
).
Donc, il y a environ 2 mois, j'ai tenté autre chose. J'ai acheté un "canard de trading". Je vous explique le principe.
L’idée m’est venue en discutant avec un copain qui fait de la programmation. Il m’expliquait le concept de « canard de programmation ». L’idée de départ était la suivante : souvent, on sait ce qu’on doit faire. Lorsqu’on appelle un collègue pour nous aider sur un problème, neuf fois sur dix, on comprend ce qu’on doit faire rien qu’en lui expliquant. Donc certains programmeurs de son service ont pris l’habitude de mettre un canard sur leur bureau, pour lui expliquer le problème à voix haute quand nécessaire. J’ai bien aimé l’idée. Si, quand on explique l’entrée en position qu’on envisage, on a du mal à se sentir convaincant, autant ne pas y aller.
(En passant : ça va chez les programmeurs, tout le monde sait programmer. Mais quand il manque de la compétence technique, à un moment, heureusement que le collègue est là pour nous aider.)
J’ai donc acheté un canard, il est bleu et s’appelle Damien. Et, non, il ne vibre pas.
Ça m’a un peu aidé. Mais ça ne résolvait pas mon problème, loin de là. En plus, un autre problème apparaissait : je gagnais souvent, mais en restant devant mon ordinateur pour « piloter » le trade. Or, moi, ce que je voulais, par rapport à ma qualité de vie justement, c’était un système où on place son ordre, un stop, un objectif, et on part vivre sa vie. Quand j’ai essayé de mettre ça en place, j’ai commencé à perdre, preuve que question technique, ce n’était pas encore « mûr ».
Incapable de régler ce problème d’entrer trop souvent en position, j’ai cherché une autre méthode.
J’ai donc décidé de me « priver de trading ». Maximum un trade par semaine, sur un seul actif. Ça a ralenti le rythme, mais ça n’a pas suffi : je voulais
mon trade, et ce n’est pas facile de trouver une configuration idéale toutes les semaines. J’ai donc ensuite commencé à m’autoriser plus d’actifs, mais toujours un trade par semaine. J’ai donc totalement lâché le trading pendant 15 jours. Je m’autorisais à regarder, mais pas à toucher. Pour le coup, cette « diète » forcée m’a bien aidé. On dirait même que ça a résolu le problème. Pour le moment... Parce que j'avais déjà, à une époque, "résolu le problème" du ratio. Ça ne m'a pas empêché de devoir y revenir.
Bref, tout ceci m'a incité quelques réflexions, que je vous fais partager.
Quelques principes simples :1) Résister au stress, c'est bien. Ne pas en avoir, c'est mieux.Le temps passé devant l'écran use la résistance psychologique. Il est probable qu'à force d'entraînement, je finirai par être imperméable à l'envie de trader. Mais, pour l'heure, la pression monte au fur et à mesure que je suis devant l'écran. Donc, chercher la bonne configuration, envoyer le trade. Partir. D'autant que ça a aussi un impact sur la qualité de vie (ce sera pour un autre post).
2) Compresser au maximum les tâches chiantes.Cela rejoint la réflexion plus haut sur les screeners. Tant en termes de qualité de vie que de psychologie, c'est intéressant.
3) De l'agilité du trader indépendantLes professionnels sont plus riches, mieux équipés, plus entraînés, mieux informés que les traders indépendants. Nos deux seuls avantages sur eux sont les suivants : a) Peu de slippage si on met peu d'argent (à moins d'être dans un grand mouvement) et b) Capacité à rester en-dehors du marché, quand eux sont forcés d'y être en permanence.
Considérant cela, ne pas trader, c'est aussi trader. Mon incapacité à considérer l'absence d'action comme une décision de trading légitime a longtemps été une croyance limitante qui m'a mené à l'overtrading. Parce que ce n'était pas qu'une histoire d'impatience, mais aussi une volonté de s'entraîner, ainsi qu'une envie de... ben, de bosser, dans un sens.
4) Un niveau technique potableJ'en suis également venu à la conclusion que j'avais atteint un niveau technique dit "potable", me permettant d'arrêter de me mettre la pression pour m'entraîner en permanence. Le problème se situant maintenant plus au niveau de la gestion psychologique. Le niveau technique est encore largement perfectible, mais je l'estime suffisant pour commencer à gagner si la psychologie est au rendez-vous. Ce n'est donc plus "le champ de bataille principal".
5) Naviguer dans les UTPrincipe simple, que j'ai trouvé dans une vidéo Youtube, mais qui est très puissant.
Le bon moment pour aller sur l'UT inférieure, c'est quand l'UT supérieure donne envie d'entrer sans regarder plus avant.Par exemple, si je suis en hebdomadaire, et que je vois les prix en survente commencer à faire une étoile du matin sur la Kijun, c'est le moment pour regarder le journalier. Pas avant.
6) L'intérêt d'une méthode personnellePour qu'une méthode soit psychologiquement tenable, il faut avoir "grandi avec", suffisamment longtemps pour lui faire confiance.
Ça me rappelle une blague.
Un randonneur marche sur un chemin escarpé à flanc de montagne. Il glisse, et se rattrape de justesse. Suspendu par le bout des doigts, sans espoir de secours, se sentant glisser vers une mort certaine, il se met à crier.
"Dieu ! Seigneur, aide-moi !".
Une voix retentit dans la montagne.
"Aie foi en moi. Lâche, et un ange viendra te rattraper juste avant que tu ne touches le sol !".
Le randonneur hésite un peu, puis crie à nouveau.
"Heu... Il n'y a personne d'autre ?".
La confiance, ça se gagne. Ca vaut pour les humains, comme pour les méthodes.
7) Le retour des biais psychologiquesVu que certains biais psychologiques censément traités sont revenus, il est raisonnable de supposer que d'autres le feront à l'avenir. D'où l'intérêt de rester vigilant.
8) La pyramide du tradingDe mon point de vue, on peut séparer la "compétence en trading" en quatre parties qui se soutiennent mutuellement. La quatrième étant en même temps l'objectif.
Par degré de "dézoomage intellectuel croissant", on a, dans mon idée :
a) L'analyse technique
b) Le money management
c) La psychologie
d) La qualité de vie
Une saine réflexion sur une "méthode de trading" se doit donc de prendre en compte les quatre aspects, les deux derniers étant, en plus, pertinents en-dehors du trading à proprement parler.
Et maintenant ?Maintenant, mes réflexions s'orientent sur des manières de compresser les tâches désagréables comme la sélection des actifs (cela passe donc par des screeners, même si je n'ai pas encore d'idée desquels. Ou plutôt, j'ai trop d'idées). Ainsi que sur les alarmes. Bref, toutes ces choses qui permettent de réduire le temps passé devant les écrans.